Biodiversité, Agriculture durable, Faune

Plus grand d'Europe, le lézard ocellé séduit les viticulteurs des Corbières !

© CHRISTIAN RAPEZ

Parmi la trentaine d’espèces de reptiles présents dans l’Aude, le lézard ocellé est le plus grand lézard d’Europe, avec une taille variant généralement de 40 à 60 cm, mais pouvant atteindre jusque 90 cm ! Il n'est pas rare de le rencontrer dans nos garrigues des Corbières, prenant le soleil sur un muret par exemple... Il a d'ailleurs attiré l'oeil de certains vignerons audois !

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Le lézard ocellé, un reptile qui a su tirer profit de son milieu naturel 

Le lézard ocellé a besoin de chaleur pour se nourrir et se reproduire, et se plaît donc au soleil. En revanche, il a besoin d'un abri pour se protéger en cas de grosse chaleur, de danger ou lors de son hibernation. Problème : il ne sait pas creuser ! Il va ainsi fréquenter des abris déjà existants tels que les terriers de lapin, les souches d’arbres, les tas de pierres ou les buissons épais. Bien présent sur l’Est du territoire audois et à basse altitude, le lézard ocellé affectionne plus particulièrement les terrains secs et broussailleux, les garrigues peu boisées, les oliveraies et amanderaies, les pentes rocheuses et les bords de vignes.

La vulnérabilité de son habitat fait de lui l’une sept espèces de reptiles menacées d’extinction en France et lui vaut sa protection sur tout le territoire national. 

Le "totem nature" des vignerons de la cave coopérative de Cascastel des Corbières


Conscient de la qualité des écosystèmes de leur territoire, les Vignerons Artisans de la cave coopérative de Cascastel ont souhaité, à la fin des années 2010, participer à la préservation de ce reptile tellement typique des Corbières au travers de partenariats scientifiques et d’actions concrètes.
 
En 2018, un partenariat est ainsi né avec l’Association herpétologique de Provence Alpes Méditerranée (AHPAM) et l’association audoise ECODIV. Cette collaboration présente un double intérêt : participer à la préservation et à l’étude scientifique de l’espèce en suivant le lézard ocellé et son évolution sur les terres viticoles, mais aussi renforcer la sensibilisation des vignerons aux enjeux environnementaux ainsi qu’à la préservation de leur terre et des petites créatures qui la peuplent. Le but est également de changer les pratiques de conduite de cultures pour un environnement plus sain et pour répondre à une demande toujours plus forte de la clientèle de cette cave coopérative. La présence de ce lézard dans les vignes, friand d'insectes, permet aussi un moindre recours aux traitements phytosanitaires et est le signe d'une conduite de culture plus respectueuse de l'environnement.

Charte, réfection de gîtes à lézards et sentier découverte pour aider à sa préservation


Concrètement, en signant une charte, déjà paraphée par 35 adhérents, les vignerons s’engagent à enherber les tournières (bande de terre en lisière de champ où l'on fait tourner les engins agricoles ) et les abords de leurs murets, favorisant ainsi la présence d’insectes dont le lézard ocellé raffole. Ils s’engagent également à rénover ces murets où l’animal totem aime tout particulièrement se loger. Les murets sont des habitats de choix pour cette espèce car ils permettent d’offrir à la fois le gîte et le couvert ainsi que des postes d’insolation recherchés.
 
De plus, la cave coopérative a lancé avec ses partenaires des inventaires concernant ce reptile et d’autres richesses floristiques et faunistiques. Des opérations de restauration de murets typiques bordant les vignes et favorables à l’accueil du lézard ont été réalisées. Un court sentier de découverte de 2,5 km a été aménagé permettant de découvrir la faune, la flore et des cépages locaux, au départ  des bâtiments de la cave coopérative à Cascastel-des-Corbières. Ces opérations ont été financées à 80 % par le Département au travers de sa stratégie départementale pour la biodiversité

En ce mois de  juin, la seconde opération de restauration de murets a eu lieu sous la conduite de Jean Muratet, herpétologue de l’association ECODIV et de l’ESAT de la Clape, ce qui a permis la restauration complète de 120 mètres linéaires de murets. Par ailleurs, 3 nouveaux panneaux devraient être posés en août pour compléter le sentier de découverte. Ils allieront présentation de cépages et d’espèces patrimoniales.

Une cuvée du lézard à découvrir

La cave coopérative a également eu l’idée de commercialiser deux « cuvées du lézard » afin de présenter ses actions en la matière mais aussi de recueillir des fonds par le biais de la vente de ces bouteilles. Sur chaque col, 1€ sera reversé pour aider au financement d'opérations en faveur de l'animal "totem". A déguster avec modération tout en pensant à cet  inoffensif "dragon des vignes" aux magnifiques ocelles bleus  !