Culture des champs

Élisabeth Oddero & Jacques Durand
Élisabeth Oddero et Jacques Durand, anciens élus du Razès, se sont engagés dans le milieu associatif pour faire vivre la culture et le sport sur leur territoire. Ensemble, ils co-président notamment l’association Les Clochers du Razès. Entretien.

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audeMAG : Quel rôle jouent vos associations sur ce territoire rural du Razès ?
Élisabeth Oddero : J'ai été maire de Brugairolles pendant douze ans et j'écris des textes poétiques qui sont publiés avec des artistes plasticiens photographes. Je veux proposer de la culture en milieu rural, gratuitement. Aujourd'hui, je suis membre de l’association Brugairolles Patrimoine et Culture, présidée par Geneviève Cammagre, et je suis responsable du festival Mai des Z'arts*, que j'ai créé en 2004 pour rendre hommage à un peintre toulousain disparu, Pierre Laffon. Depuis, l’événement regroupe chaque année cinq ou six expositions d'art contemporain (peinture, photographie, sculptures, etc.), mais aussi des concerts sur trois jours.
Jacques Durand : En tant que co-présidents des Clochers du Razès, avec Élisabeth Oddero et Jean-Michel Kopka, nous voulons apporter des animations qui sortent de l'ordinaire dans nos villages. L'association est née en 1990 sous le nom « Animations et loisirs du canton d'Alaigne », avec le souhait de proposer des spectacles et des événements sportifs sur tout le territoire. Au total, plus de soixante courses à pied et douze duathlons ont été organisés ainsi que quatre fêtes du pain et une fête du Cochon qui se tient chaque année, au gymnase de Routier.

Quels sont les principaux événements que vous proposez cette année ?
É. O. : Pour l’édition 2018 de Mai des Z'arts*, on retrouvera des expos et un atelier de découverte de travaux sur papier. Le chanteur Erwens a depuis deux ans la responsabilité de la programmation musicale de la manifestation. L’association Patrimoine et Culture organise aussi, à l'automne, un festival de la caricature et du dessin d'humour, sous la direction du dessinateur Notto. Ce festival prendra cette année une dimension internationale.

J. D. : Lors du Trail du Razès, à Cambieure, une centaine de concurrents se sont retrouvés le 25 mars. Nous avons profité de cet événement pour débroussailler autour de l'ancien pont de chemin de fer, sur la future voie verte entre le Canal du Midi et Montségur (lire p. 24-25). Ce pont à trois arches fait partie de notre patrimoine. Nous organiserons aussi la Ronde du Malepère le 6 mai, puis la course mère-enfant « Maman court » dans le cadre d’Octobre Rose, la campagne de lutte contre le cancer du sein, et enfin Vignes et Clochers, une course de 11 km à Routier, en novembre.

L’engagement associatif sert à créer du lien. 

Quelle importance revêt selon vous l'engagement associatif ?
É. O. : Cet engagement sert à créer du lien. Ces échanges n'auraient pas lieu sans ces moments de convivialité. Pour nos festivals, les artistes sont hébergés chez l'habitant. Ces instants culturels permettent une vraie ouverture sur des choses qui ne font pas parties du quotidien des gens.
J. D. : Je suis venu au monde associatif grâce au sport. J'ai joué au volley-ball et au rugby. Alors, pour moi, le bénévolat est naturel. Après mes mandats d'élus, je suis revenu logiquement au monde associatif. Mais je regrette un peu que les jeunes négligent nos manifestations.

Qu'est-ce qui vous lie aussi fortement à l'Aude ?
É. O. : Ce qui m'a attiré ici, d'abord dans les Corbières, c'est la lumière et l’âpreté du sol. J’ai longtemps travaillé en Afrique et à mon retour je voulais m’installer en Provence. Mais je suis venue voir des amis dans l’Aude et j’ai trouvé ici plus d’authenticité que dans le Sud-Est. Je me suis attachée à ce département. Je m’y suis investie et j'ai pu rencontrer de  belles personnes.
J. D. : Je suis né à Lauraguel. Mon amour pour ma région est donc naturel. J'ai une affection particulière pour Bugarach que j'ai gravi à plusieurs reprises. On se sent ailleurs, seul au sommet, avec un point de vue magnifique.

* Mai des Z'arts se déroulera les 19, 20 et 21 mai à Brugairolles. Programme détaillé sur maideszarts.com.


BIOGRAPHIE
ÉLISABETH ODDERO
1949. Naissance à Monaco d'un père sicilien et d'une mère bretonne.
1970. Elle décroche une maîtrise de Lettres à Nice.
1977. Découverte du continent africain comme professeur de français au Sénégal, au Maroc et au Cameroun. Elle achète une maison dans les Corbières.
1985. Retour en France au Havre. Sa passion pour la poésie et René Char la conduit à écrire.
1995. Elle s'installe à Brugairolles, dont elle devient maire en 2002 jusqu'en 2014.
2011. Elle publie son dernier ouvrage Foudre avec le graveur Raphaël Kleweta. Trois nouveaux ouvrages d'art doivent bientôt paraître notamment avec le photographe Pierre Jammes et l’artiste Mélanie Baïs.

BIOGRAPHIE
JACQUES DURAND
1950. Naissance à Lauraguel où il grandit.
1970. Il s'investit dans le rugby et le volley-ball, sport dans lequel il disputera quatre finales du championnat de France avec la sélection du Languedoc.
1972. Il entre au Crédit Agricole comme agent commercial à Limoux. Il partira en 2005.
1989. Il est élu maire de Lauraguel et le restera jusqu'en 2014.
1998. Il devient conseiller général et sera délégué aux Sports jusqu'en 2015. Sa fierté : être à l'initiative du projet de voie verte entre le Canal du Midi et Montségur, avec Max Vallès.